ARC-EN-CIEL THÉÂTRE Réseau national d’intervention théâtrale édite aussi RÉSONNANCES Revue d’éducation populaire-
CONTRIBUTION
DE
LA SOCIOLOGUE MONIQUE PINCON-CHARLOT
co-auteure du " PRESIDENT DES ULTRA-RICHES "
( édition LA DECOUVERTE )
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( extrait de l’entretien tenu à la fête de l’Huma le 13.O9.19 )
Question : Monique Pinçon-Charlot, dans votre livre " Le Président des ultra-riches ", vous montrez, avec Michel Pinçon, comment Emmanuel Macron travaille pour sa classes. Est-il à ce point coupé des classes populaire ?
Monique Pinçon-Charlot : "Oui, on peut dire qu’Emmanuel Macron est le fondé de
pouvoir d’une oligarchie à l’Elysée. L’Etat français d’aujourd’hui ne ressemble en
rien à l’Etat français issu du Conseil national de la Résistance ou à l’Etat
providence des années d’après-guerre : il est tout simplement néolibéral .
Ce sont les riches qui, aujourd’hui, détiennent tous les pouvoirs, dont celui
de la politique, même s’il y a des situations plus complexes ici et là . Ce sont
les puissances d’argent qui ont placé Emmanuel Macron . Je dis bien placé.
Il n’a pas été élu démocratiquement . Nous sommes dans une démocratie
pseudo-représentative, arrimée au système néo-libéral, et dans un système
quasi totalitaire . L’histoire des gilets jaunes nous a vraiment interpellés parce
que nous pensions que, avec cette violence des riches, on était face non
seulement à une aliénation idéologique, mais aussi à une aliénation de la
conscience sociale. Quand, tout d’un coup, on a vu des gilets jaunes mis sur
tous les pare-brise et les ronds-points le 17 novembre dernier, on a compris
qu’il y avait quelque chose d’incroyable qui était en train de se passer . Michel
et moi, nous nous sommes fixés de travailler avec les gilets jaunes dans les
beaux quartiers. Les gilets jaunes, au lieu d’aller à la Bastille, à la République
ou dans les quartiers de l’Est parisien, ont fait tout de suite leurs manifestations
et leurs barricades dans les beaux quartiers, au plus près des gens du pouvoir.
Tout de suite, ils ont voulu s’en prendre à Emmanuel Macron. C’était juste
comme combat . Parce que le représentant du capital, aujourd’hui, c’est lui.
Ce que nous montrons dans notre livre . Nous avons été stupéfaits par le
courage de ces femmes, de ces gens âgés, de ces hommes, de ces enfants, de
ces adolescents qui sont allés au combat . Ils ont été violentés .Ils ont été
mutilés. Ils ont vu leur corps abîmé et quelquefois détruit par la police des
riches. La police de Castaner n’est pas au service du peuple de France. Elle
est au service des grandes fortunes . Elle est au service des gens des beaux
quartiers. Ce qui s’est passé avec les gilets jaunes, cela nous a tous secoués.
On avait besoin d’être secoués et pour cela le mouvement a été très salutaire.
Comme je l’ai dit, ce mouvement a tout de suite attaqué les lieux de pouvoir.
Il y a des choses que l’on pourrait décliner comme conséquence de cela, par
exemple, de décider de faire vivre les gens des beaux quartiers sur le pied de
guerre en allant systématiquement, précisément, nous aussi, manifester
régulièrement, faire des actions, dans les beaux quartiers. nous , on est le
nombre et la force . C’est nous qui faisons fonctionner le monde, l’économie
réelle. Franchement, nous serions des minables aujourd’hui de ne pas arriver
à nous unir alors que la planète est en danger. C’est aussi cela la leçon des
gilets jaunes. C’est le dérèglement climatique qui est derrière et, avec le
dérèglement climatique, c’est toutes les inégalités économiques et sociales
qui sont en train d’être le bouquet final du feu d’artifice du capitalisme. "