ARC-EN-CIEL THÉÂTRE Réseau national d’intervention théâtrale édite aussi RÉSONNANCES Revue d’éducation populaire-
Le film de Claudine Bories et Patrice Chagnard , " Nous le Peuple ", sort en
salles aujourd’hui 18 septembre … Il constitue une illustration efficace et
dynamique, belle également, d’une des préoccupations cruciales portées et
travaillées par les divers chantiers et forums de l’éducation populaire de
transformation sociale et politique, dont nous nous réclamons , avec ce présent
site : la crise de la démocratie délégataire et " représentative " .
Il appartient à vous toutes et à vous tous de le voir , de favoriser sa diffusion et
si possible d’organiser à cette occasion les débats publics qu’il ne manquera pas
de nourrir ...
Marc Lacreuse. Corédacteur du site .
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" NOUS LE PEUPLE "
film de Claudine BORIES et Patrice CHAGNARD
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présentation par Marie-José SIRACH
( L’HUMANITE du 18 septembre 2019 ) :
)
" La parole est à madame la ministre de la Justice, garde des Sceaux. François
de Rugy est encore le patron de l’Assemblée nationale et agite volontiers son
marteau. Il est question de réformer la Constitution afin de mettre en place
" une démocratie plus représentative, responsable et efficace " . Nicole
Belloubet rappelle aux députés qu’ils ont " toute la légitimité pour agir . En
tant que pouvoir constituant, il n’est pas toujours nécessaire de faire appel
au peuple ", affirme-t-elle sans sourciller.
Nous sommes le 7 février 2018 .
Pendant ce temps-là, à la Maison des femmes solidaires de Villeneuve-Saint-
Georges, au lycée Jean-Jacques Rousseau de Sarcelles et à la Maison d’arrêt
de Fleury-Mérogis, trois groupes de citoyennes et de citoyens sont constitués
à l’initiative de l’association d’éducation populaire Les Lucioles du doc , pour
relever un sacré défi : écrire une nouvelle Constitution en parallèle des débats
qui se déroulent dans l’Hémicycle . Les échanges intergroupes se font pas
l’entremise de la vidéo. On suit les discussions, les questionnements, on entend
la colère, la joie d’en être , de s’échapper de cette assignation à résidence qui ne
dit pas son nom, le refus de la stigmatisation, le besoin d’utopie, le désir
d’inventer de nouvelles règles, de faire entendre sa voix .
Des premiers mots, des premières phrases, balbutiantes, hésitantes, raturées,
des premiers articles réécrits, reformulés dans le souci de n’exclure personne.
Tous prennent de l’assurance au fur et à mesure qu’ils retrouvent leur dignité.
Une question de respect. Un apprentissage en direct de la citoyenneté qui va
de la prise de parole à l’affirmation d’une conscience politique . Sans oublier
l’expertise citoyenne.
La force du film est de rendre visible le contraste saisissant entre leurs
réflexions, leur autonomie de pensée, leur liberté, leur capacité d’imaginer
un monde meilleur, solidaire, plus fraternel et les débats du Parlement tant
ils sont cadenassés techniquement et politiquement . Il y aurait quelque chose
de pourri dans notre République.
Comme s’il y avait deux France …
Qui est légitime ?
Pourquoi celles et ceux qui sont censés représenter le peuple ne ressemblent en
rien au peuple ?
Telle est la question qui se pose en regardant ces femmes et ces hommes faire
de la politique .
Qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans notre démocratie ?
Voilà quelque temps, déjà, que ces questions de représentativité, de légitimité
se posent . En France mais aussi partout dans le monde . Des printemps
arabes aux indignés de la Puerta del Sol, de Nuit debout aux Gilets jaunes,
des quartiers populaires aux communes rurales, l’aspiration à une démocratie
(directe, participative) se pose avec force .
Dans " Nous le Peuple ", il y a de l’intelligence, de la créativité, de l’audace,
du respect.
Ces femmes et ces hommes, jeunes et moins jeunes, nous livrent une belle
leçon de citoyenneté .
Et comme dit Hassiba pour s’assurer qu’elle l’a bien dit, " et paf le peuple ! " .
Marie-José SIRACH
( L’Humanité. 18 sept. 2019 )